Maladie de Dupuytren Nouveau traitement non chirurgical

Maladie de Dupuytren Nouveau traitement non chirurgical

 

Par Dre Lucie DuclosL’auteure est chirurgienne plasticienne et chargée d’enseignement clinique au Département de chirurgie de l’Université de Montréal. Elle est également titulaire d’un D.E.S.S. en médecine d’assurance et d’expertise.

Décrite en 1831 par le baron Guillaume Dupuytren, cette « maladie » bénigne se caractérise par la présence d’un ou de plusieurs nodules au niveau de l’aponévrose palmaire. Selon l’évolution de la maladie, les nodules peuvent former une ou plusieurs cordes et il devient alors de plus en plus difficile d’étendre les doigts. Selon le stade de la maladie, il arrive parfois que les doigts se referment complètement dans la main.

Jusqu’à récemment, le traitement le plus courant consistait à enlever chirurgicalement l’aponévrose pathologique pour permettre aux doigts de retrouver une meilleure extension. Toutefois, ce traitement n’est pas sans risques, et il a été remarqué qu’une nécrose pouvait survenir, surtout chez les fumeurs. De plus, une récidive de la maladie est possible, même si le traitement chirurgical a été fait selon les règles de l’art. Plusieurs opérations au même site peuvent entraîner une fibrose qui s’accompagne d’une certaine difficulté à bouger les doigts. Dans de très rares cas, une amputation du doigt atteint doit être envisagée.

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L’intervention chirurgicale nécessite une convalescence, ce qui signifie aussi un arrêt temporaire des activités professionnelles ou personnelles. La présence de douleur nécessite souvent la prescription de narcotiques. La plaie chirurgicale requiert des points de suture et des pansements durant le processus de cicatrisation. Finalement, de la physiothérapie ou de l’ergothérapie s’avèrent généralement nécessaires, tout comme le port d’une orthèse afin de conserver l’extension digitale retrouvée après l’opération.

Il existe dorénavant un nouveau traitement pour la maladie de Dupuytren. Moins invasif qu’une opération conventionnelle, ce traitement a plusieurs avantages et devrait être offert systématiquement aux patients afin d’obtenir leur consentement libre et éclairé.

Exit la chirurgie?

En 2012, Santé Canada autorisait l’utilisation de la collagénase de clostridium histolyticum, un produit déjà utilisé aux États-Unis et en Europe, pour le traitement de la contracture de Dupuytren chez les patients ayant une corde palpable.

La collagénase est d’abord injectée localement dans la corde, qui se relâche dans les deux jours qui suivent l’injection, que ce soit spontanément ou après manipulation par le médecin. Le doigt traité retrouve ainsi une meilleure extension. Le nombre d’injections et de séances de traitement varie en fonction du nombre de doigts ou d’articulations atteints. Comme dans le cas de l’intervention chirurgicale, de l’œdème et des ecchymoses sont possibles et, parfois, la douleur nécessite la prescription d’acétaminophène. Un bris superficiel de la peau peut survenir et nécessiter des soins locaux. Une orthèse de nuit est également conseillée pour une période d’environ deux semaines, mais la convalescence est de courte durée et le patient peut rapidement retourner à ses activités quotidiennes.

Injection de précision

Le médecin qui administre l’injection doit avoir une grande expertise dans l’anatomie de la maladie de Dupuytren. Une injection effectuée dans d’autres structures de la main, comme les tendons ou les ligaments de la main, peut les endommager, parfois même de façon permanente. Le même principe s’applique à toutes les manipulations requises dans les jours qui suivent l’injection.

Des résultats probants

Une étude européenne a comparé le taux de complication chez 1 082 patients traités par injection de collagénase et 7 727 patients traités chirurgicalement (les données du deuxième groupe provenant de la revue structurée de 48 études). Selon cette étude, l’incidence de syndrome régional douloureux complexe était de 0,1 % dans le premier groupe, alors que l’incidence médiane était de 4,5 % dans le deuxième groupe. De même, l’incidence de traumatisme nerveux était de 0 % dans le premier groupe comparativement à une incidence médiane de 3,8 % dans le deuxième groupe. Par ailleurs, l’incidence d’une infection était de 0 % dans le premier groupe, comparativement à une incidence médiane de 4,5 % dans le deuxième groupe. Selon les auteurs de cette étude, la plupart des complications surviennent moins souvent après l’injection de collagénase qu’après l’intervention chirurgicale1. Une autre étude a évalué le taux de récidive après cinq ans, qui s’est avéré comparable pour l’injection et l’intervention chirurgicale2.

Aux États-Unis, en 2013, soit moins de 3 ans après l’introduction de la collagénase, le pourcentage d’utilisation de cette dernière était de 20 à 30 %, alors que celui de l’intervention chirurgicale était de 60 %. Une baisse de 20 % de l’intervention chirurgicale a été constatée pendant cette période3.

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Références :
(1) The Journal of Hand Surgery (European Volume) 2014 – C.A. Peimer, S. Wilbrand, R.A. Gerber, D. Chapman and P.P. Szczypa.
(2) Peimer C, et al. Treatment with collagenase clostridium histolyticum: five-year CORDLESS date. Presented at the International Conference on Dupuytren Disease and Related Diseases. May 22, 2015.
(3) Blazar P, et al. Trends in Dupuytren treatment in the United States. Presented at the International Conference on Dupuytren Disease and Related Diseases. May 22, 2015.

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